La médecine donne une « famille sans frontières » autant qu’elle demande beaucoup d’énergie et de sacrifices…
Bonjour Docteur Gamby Amadou,
Merci d’avoir accepté cet entretien !
Je suis Docteur en Médecine, j’ai soutenu ma thèse de médecine en 2016 à la F.M.O.S (Faculté de Médecine et d’Odonto-Stomatologie), Mali (Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako USTTB). Je suis de la 7ème promotion du numerus clausus*.
Je suis actuellement Résident en anesthésie réanimation et (Médecin contractuel) au service d’accueil des urgences au Centre hospitalo-universitaire (C.H.U) Gabriel Touré. Je suis en fin de cycle et termine mes études cette année avec un mémoire de soutenance.
*le numerus clausus : limitation ministérielle du nombre d’étudiants admis en études de médecine à l’échelle d’un pays / d’une ville
La santé étant au cœur du développement, l’état Malien a entamé dès son indépendance une réflexion stratégique pour la formation des acteurs de la santé. L’école nationale de médecine et de pharmacie a ouvert en 1968, huit ans après l’indépendance. A la base, l’école était destinée à former des assistants de médicaux , pharmaciens et dentistes.
En 1996, l’école fut érigée en faculté de médecine et pharmacie avec la naissance de l’Université de Bamako . De la non congruence entre effectif pléthorique d’étudiants et insuffisance d’enseignements d’une part et des structures de formation C.H.U d’autre part ,le Numerus clausus fut instauré à la Faculté de Médecine et de Pharmacie en 2002.
A l’image de la faculté de médecine et de Pharmacie devenue la F.M.P.O.S Faculté de Médecine et d’Odonto-dermatologie en 2006 avec la création de la filière Odonto-dermatologie.
En 2011, elle est scindée en 2 : désormais la faculté de médecine et d’odontostomatologie et la faculté de pharmacie
Un médecin est à la fois un professionnel de santé formé selon les critères scientifiques, comportementaux éthiques précis et soignant. Autrement dit une personne que ses aptitudes empathiques portent à s’intéresser en premier au bien-être de la personne qui fait appel à ses soins.
J’arrive tôt le matin. Nous commençons par faire ce qu’on appelle « les staffs ». C’est à dire une réunion entre les spécialistes et les étudiants de médecine. L’étudiant nous présente le malade, ses symptômes, le diagnostic, les traitements et les avis qu’il a pris. Les spécialistes font des suggestions d’amélioration.
Ensuite, la visite des malades et la passation des équipes montantes qui prennent la relève.
Nous nous préparons à recevoir des nouveaux malades. C’est un service de grande affluence. S’il y a 100 accidents au Mali on reçoit au minimum 70 de ces malades. Nous avons un système de triage c’est-à-dire qu’on oriente rapidement les malades les plus urgents pour une prise en charge rapide.
Nous stabilisons les malades, les examinons, les conditionnons c’est-à-dire donner des soins pré requis sous machine, appareil de respiration ou pour arrêter le saignement (on s’y habitue au fur et à mesure).
Par ailleurs, nous remplissons les dossiers des patients et la fiche accueil tri.
On apprend quand on est jeune et on comprend avec l’âge.
Au fil du temps, les seniors nous donnent leurs dossiers et les impriment pour qu’on puisse en bénéficier. La solidarité est importante au sein de l’hôpital.
Le programme de la FAC est international, en contraste j’ai choisi de m’axer sur les problématiques locales.
La détermination et le courage pour la médecine d’urgence. J’ai choisi de travailler aux urgences car j’ai su garder mon sang froid.
La médecine demande beaucoup d’énergie et de sacrifices. La famille du médecin c’est l’hôpital (60% de mon temps à l’hôpital) quand on rentre, on est épuisé.
J’ai eu un BAC série D (sciences de la vie et de la terre), puis j’ai choisi d’être orienté à la faculté de médecine. La première année est purement théorique et se termine par un examen. Quand il est validé, l’étudiant enchaîne avec 6 ans de théorie et de pratique. Chaque fin d’année est sanctionnée par un examen.
La fin de la 7ème année est sanctionnée par la thèse à l’issue de laquelle on prête serment. Ensuite j’ai eu le choix de la spécialité avec l’examen probatoire, qui est l’examen d’entrée à la spécialité de médecine.
Le médecin est une personne respectueuse et est respectée. Il est là pour aider et garder les secrets professionnels. Tous les malades sont ma famille et sont devenus comme des parents. J’aime parler de « famille sans frontières ».
Les problèmes de moyens et de matériel mis à disposition par l’Etat, les effectifs de médecins.
J’ai été surpris de la confiance que m’accorde les patients, sans qu’il me connaisse. Il n’y a pas de secret, il partage tout avec le médecin.
Il faut être sage, rigoureux et courageux. Il n’y a pas de place pour la légèreté dans la médecine.
Au début la faculté nous orientait vers des stages, mais j’ai choisi de sortir de cette répartition en ciblant moi-même.
En tant que Résident, on gagne moins de 75 000 F CFA/mois aux urgences (CHU) après 8 ans d’études. Nous travaillons pour la nation. Après le diplôme, le spécialiste aux urgences gagne entre 200 000 F CFA et 300 000 F CFA
On peut aussi travailler auprès des cliniques privées, le salaire est plus élevé.
Absolument, on se bat pour ça
On peut opter :
Le médecin est de toute façon un enseignant car les étudiants sont à ses côtés et il leur explique. L’enseignement fait partie du serment.
Utilisez‐vous des outils particuliers ? Pour les malades en déficience respiratoire, un « tuyau » introduit dans la gorge (laryngoscope), les respirateurs, le scope (l’appareil comme une « télévision » qui sert à monitorer la fréquence cardiaque)
Travail seul ou en équipe ? en équipe
Horaires de travail ? Selon le planning, je suis toujours à la clinique ou aux urgences. Je continue à faire mes gardes de contractuel (en réanimation, au bloc ou en consultation pré anesthésique). Si on est fatigué, on peut faire des permutations de gardes entre collègues
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Keïta Abdoulaye
juillet 17, 2020 at 9:57Très fière de toi Doc Gamby un grand homme comme tous les médecins de la 7e promotion.
Stp réfléchis sur la neuro-reamination comme sous spécialité le pays a besoin de tes services.
Daouda Touré
juillet 18, 2020 at 4:17Dr Gambi
ABDOUL Kader DOUMBIA
juillet 19, 2020 at 8:45Fiston du courage, même hier soir je parlais sur lui comme modèle.
Seul le travail paye, s’est en bossant qu’on peut atteindre son objectif.